le cri de la laitue

mardi 6 avril 2010

tentative d'écrire

Poésie Provisoire Je parle, je marche, j’automatise, j’exécute, je le fais sans y penser, je le pense sans le faire. J’écris et j’outille l'ouverture au monde, un peu comme j’ouvre la boîte, la boîte du sens, le sens en travail, une fermentation, un décorticage, écrire fait penser la langue, discours pour soi. Écrire est un acte de création répétition d’une réappropriation, d’une existence-naissance restituée. Écrire déconstruit et reconstruit sa réalité, une réalité, la réalité. La dynamique se porte en contre-coup, apporte une acuité, aiguise les sens, les sentiments, rapproche, éloigne, fait de l'ordre, du désordre propose indispose, remet en cause, bouleverse, in-transige, retourne, détourne. Écrire c'est fonder une pensée, c'est penser, organiser, trier, mettre ensemble, découvrir des attaches, en créer. Notre regard, le sien, le tien, le mien, unique, mis en valeur devient critique par le choix et l'ouverture à la complexité : la simplicité n'existe pas. Le travail est inévitable, travail comme une levure, fermentation, décomposition même du mélange, réchauffement, transformation, augmentation (expérience, langue, mots, modes, pensées, histoire, vérité, néant, rien, vide...) puis troque, et se modifie insensiblement ou brusquement, saut, à cloche-pied, en courant, prise-emprise. L’écriture est un levier pour exercer, activer nos immobilités, une envie qui se dépasse, qui se trouve/cherche un équilibre, une marche en avant sans chemin. Écrire est la juxtaposition inventive, nous composons notre langue du tout les jours, le quotidien et les besognes répétitives endorment : toute écriture réveille. À chaque fois le mot n’est que la partie émergée de ce que l'on voudrait dire, petite portion. Il faut faire le pari sur ce qui est caché et livrer au masqué l'envie, la possibilité, la tranquillité de pouvoir se dévoiler. Ce que nous écrivons n'est pas ce que nous sommes, une fraction, juste une apparence d'instant. L’écriture est une rencontre fixée de trajectoires aléatoires, le difficile est de sortir des règles imposées, la cohabitation, l’autre, les structures où nous respirons, l'imprégnation, la rumeur du temps, l’urgent, le chant du monde. Écrivons, usons de tous les subterfuges pour cela, pour se quitter, pour se perdre, pour semer, distancer et prendre la liberté et s’installer dans son quotidien une pose, l’écriture ritualisée, en appuyant cette écriture sur les résonances journalières. Ce n'est pas la somme des mots connus qui fait écrire, le déclenchement est autre, l’origine serait l’envie, l’être en vie, l’en-vie urgente, urgence pour se dire, dire, bafouiller, faire soi les mots, décrire, s’écrire, pour se lire, se relire, se distinguer miroir fixe sans reflet, crayonné du soi en contrechamp pour acceptation, pour survivre autre, autrement, différent, identique, encore , moi, je.

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